L'attrait de Bruxelles (The economist)

Publié le par ya-du-monde-aux-balkans

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SI LES GOUVERNEMENTS pouvaient twetter ce qu'ils ressentent, on pourrait surement résumer ce qu'ils ressentent par: « Ouf ! » pour la Serbie, « Ouais » pour le Monténégro et « meuh » (équivalent d'un haussement d'épaules) pour le reste. Chaque année la Commision européenne évalue les progrès accomplis par les candidats à l'Union Européenne. C'est le jour ou » ils se voient dans un miroir", commente un diplomate à Bruxelles, " et l'image est  assez juste ».

 

Les rapports de cette année, publiés plus tôt aujourd'hui, étaient attendus avec impatience en Serbie et au Monténégro. Pour les Serbes la question était de savoir si commission allait recommander l'octroi à la Serbie du statut officiel de candidat à l'UE.

Au cours des 5 dernières années, la stratégie du gouvernement visait la candidature d'ici la fin 2011, en vue d'utiliser cela comme un boost pour la prochaine élection prévue pour le printemps prochain.

 

En mai, lorsque la police serbe a arrêté d'abord Ratko Mladić, ancien général serbe de Bosnie inculpé de génocide par le tribunal de l'ONU pour les crimes de guerre de La Haye, et dans un second temps celle de Goran Hadzić, le dernier fugitif de la justice internationale, le statut de candidat semblait assuré. Mais le Kosovo, qui a déclaré son indépendance par rapport à la Serbie en 2008, a rendu cela plus difficile. Les relations de bon voisinage sont une condition préalable à l'adhésion.

 

Soucieux d'obtenir le statut de candidat même si (comme cinq pays membres de l'Union Europénne) elle ne reconnait pas l'indépendance de son ancienne province, la Serbie a commencé, sous l'égide de la commission, des pourparlers avec le Kosovo. Mais ils sont au point mort depuis juillet, à la suite de violents incidents dans le nord Kosovo habité par les Serbes et les routes bloquées par les barricades serbes.

 

Le gouvernement serbe a une mission difficile. Pour des raisons intérieures, elle ne peut pas laisser tomber les Serbes du Kosovo, même s’ils se comportent mal ; mais elle ne peut pas obstruer les pourparlers sous l'égide de la commission, tant qu'elle est prête à tout pour rejoindre l'UE.

 

Le verdict général de la commission est que la Serbie n'a pas fait assez pour pouvoir obtenir le statut de candidat, étant soumise à « des progrès significatifs » dans les pourparlers avec le Kosovo. Mais ce sont les gouvernements de l'UE qui auront le dernier mot en décembre. La Serbie devra se battre pour relancer les négociations, et pour convaincre les sceptiques au cours des deux prochains mois qu'elle est réellement attachée à une solution durable avec le Kosovo.

 

Le Monténégro, qui est candidat depuis décembre dernier, est plus fringant. L'année dernière la commission a donné au gouvernement sept domaines sur lesquels ils devaient travailler. Cette année, cela a été récompensé par la recommandation que lui soit attribuée une date pour les débuts des négociations d'adhésion. Les efforts du Monténégro pour lutter contre le crime organisé ont été notamment salués. La Croatie a également eu un avis favorable, mais son adhésion est déjà prévue en 2013.

 

C'est la fin des bonnes nouvelles. À propos de l'Albanie, du Kosovo de la Bosnie et de la Macédoine, ironie du sort est qu'ils n'ont pas des rapports de progrès, mais plutôt de stagnation. L'Albanie est dans une impasse politique depuis une élection contesté en juin 2009. La corruption au plus haut niveau est une grande préoccupation. Le Kosovo est considéré comme ayant fait des progrès limités, mais il est possible que son gouvernement débute prochainement les négociations avec l'UE à propos de la suppression des visas pour  voyager dans l'espace Schengen. Les Kosovars sont les seuls des Balkans à ne pouvoir le faire.

 

La Bosnie stagne depuis cinq ans. Elle est sans gouvernement depuis plus d'un an, ce qui veut dire que la législation essentielle n'a pas été adoptée. La Macédoine est candidate depuis 2005. Même si la commission s'inquiète de la question très disputée à propos de la liberté de la presse, et voit la construction d'Alexandre le Grand à Skopje comme un geste provocateur, elle recommande pour la troisième que soit octroyée une date pour le début des négociations d'adhésion.

 

En raison du conflit de 20 ans à propos du nom avec la Grèce, y compris le judiciaire international porter par les Macédoniens, les Grecs mettront leur véto à cette idée en décembre.

 

Avec l'euro en crise et l'UE qui est soumise à un stress extraordinaire, certains pourraient se demander pourquoi les États des Balkans occidentaux sont si désireux de la rejoindre. En réalité, aucun pays ne suivra la Croatie avant de nombreuses années, mais la réponse est assez simple. La conformité avec les milliers de pages de législation européenne est un manuel pour la modernisation des économies.

 

Certains membres actuels de l'UE ne répondent toujours pas aux règles, il n'y a pas de raison à ce que les Balkans n'aspirent pas à faire la même chose. Milan Rocen, ministre des Affaires étrangères monténégrin, a récemment déclaré que, grâce à l'UE, son pays avait fait plus de réformes en un an que ce qu'elle aurait réussi à faire seule en dix ans. Pour les Balkans occidentaux, il peut sembler que la transition après les années de désintégration et de guerres ne va jamais finir. Mais l'attrait de Bruxelles est grand. C'est aussi compétition concurrentielle. La Croatie rejoindra l'UE en 2013 et le Monténégro devance la Serbie sur la voie de l'adhésion ce qui devrait pousser pousser la Serbie à faire plus d'efforts. Cette dynamique est bien comprise. Petrit Selimi, vice-ministre des Affaires étrangères, a déclaré : nous sommes les derniers à démarcher, et nous nous rattrapons assez vite ».

 

Source : The economist

 

Traduction :  Y'a du monde aux Balkans

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Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.9 - THÉORÈME OSÉE. - La fin d'une civilisation.
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