Réponse à europegrece
Comme promis mais avec beaucoup de retard, voici ma réponse à europegrece.
http://europegrece.wordpress.com/2011/11/19/reponse-a-larticle-du-monde-grece-europe-le-grand-malentendu-du-16112011/
Contrairement à vous, mon parcours universitaire m'a appris à toujours tenter tout du moins d'avoir un regard objectif.
Ce qui me gène n'est pas votre parti-pris, mais plutôt la façon dont vous annoncez vos arguments comme étant des vérités.
Ce qui me gène, c'est votre ignorance, car même si je parle MACÉDONIEN langue officielle de la RÉPUBLIQUE DE MACÉDOINE (et aucunement un quelconque dialecte "bulgaro-macédonien"), je m'attelle à ne pas affirmer de choses fausses, par exemple à propos de l’article 49 de la république de Macédoine, ou à propos des livres scolaires (dont j’attends la preuve), ou encore à propos de la Porta Makedonija, qui d’après mes informations, n’a fait l’objet que d’une note adressée par la Grèce au ministère de l’Intérieur pour l’utilisation du soleil de Virginia et non, comme vous le clamez, pour avoir représenté la Macédoine comme incluant la Macédoine grecque.
J’appelle cela de la désinformation.
Dans mon premier commentaire, j'avais déjà noté la malheureuse idée de mettre une telle carte sur la tombe d'un héros qui combattait pour cette cause.
Néanmoins, quelque chose me turlupine, la carte en question, n'inclue-t-elle pas aussi une partie de la Serbie, de la Bulgarie et de l'Albanie ?
Dans ce cas-là pourquoi ces États respectifs n'ont-ils pas lancé le haro sur le prétendu "expansionnisme" macédonien inventé par la république grecque.
Pourquoi, tout simplement parce qu'ils ont l'intelligence de comprendre que cette carte fait partie du passé et que la république de Macédoine n'a actuellement aucune prétention territoriale sur aucun de ses voisins.
Bon, puisque déposer une carte datant du début du 20eme siècle repris en 2008 pour commérer un héros mort est une preuve d’irrédentisme, que pensez-vous de cela :
Source : http://www.geetha.mil.gr/media/1istoriko_dodekanisa/6xartis-elladas.jpg
La source étant le site du personnel de l’armée grecque sous le titre : Carte historique de la Grèce.
Irrédentisme, irrédentisme….
Houla, mais que vois-je ?
Une partie de la Turquie hachurée en bleu !
Il me semble en plus lire au niveau de la région d’Izmir : Zone hellénique d’Izmir
Apparemment cela fait référence au traité de Sèvre signé en 1920, traité jamais appliqué, car non ratifié par tous ses signataires…
Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_S%C3%A8vres
Traité des Sèvre qui réalisait la Megáli Idéa (ou grande idée en Français), expression du nationalisme grec.
Mais que vois-je, la partie de L’Épire appartenant à l’Albanie, noté Épire du Nord !
C’est bizarre que l’on nomme cette région ainsi, alors qu’elle est généralement nommée Épire.
Épire du Nord, ça me rappelle encore la Megáli Idéa…
Encore étrange, alors que tous les pays étrangers sont en blanc, la Chypre est en beige…
La République de Chypre n’est même pas mentionnée…
Houlala, la méchante carte expansionniste !!!
Le Serpent qui se mord la queue…
Il y a aussi quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, pourquoi bloquer l’entrée de la Macédoine aux institutions internationales telles que l’OTAN ou l’Union européenne ?
Pour de prétendues revendications territoriales ?
Sachez, cher monsieur, que la Macédoine est un petit état de 2 millions d’habitants ayant une armée professionnelle. Ce n’est pas la Corée du Nord.
D’autant plus qu’elle souhaite adhérer à l’OTAN et à l’Union Européenne, qu’elle n’a toujours pas réussi à rejoindre à cause du véto de la Grèce.
Ce que je trouve vraiment stupide est que l’adhésion de la Macédoine à l’OTAN ou à l’Union européenne renforcerait l’intangibilité des frontières. Ce qui signifierait la fin du prétendu expansionnisme macédonien qui gêne tant les Grecs.
L’Article 49 de la constitution macédonienne.
« Cette commission a demandé la modification des articles 3 et 49, ce qui a été fait le 6 janvier 1992 par le Parlement. »
Source : http://www.senat.fr/ga/ga-3/ga-34.html
Traduction des amendements I et II de la constitution macédonienne :
Amendement I
1-La Macédoine n’a pas de prétention territoriale envers les États voisins.
2-La frontière de la république de Macédoine ne peut être modifiée qu’en conformité à la Constitution, sur un principe de libre volonté et en conformité avec les normes internationales reconnues.
3- Le point 1 de cet amendement complète l’article 3, alors que le point 2 remplace le paragraphe 3 de l’article 3 de la Constitution de la République de Macédoine.
Amendement II :
1- La république ne s’ingérera pas dans les droits souverains d’autres États ainsi que dans leurs affaires intérieures.
2- Cet amendement complète le paragraphe 1 de l’article 49 de la Constitution de la République de Macédoine.
Source : http://www.dzr.gov.mk/Uploads/ustavrm.pdf
Cet article peut faire référence aux populations slaves (dont certains se revendiquent Macédoniens) du nord de la Grèce.
Mais pas uniquement, il existe des minorités macédoniennes en Albanie, Serbie, Kosovo et Bulgarie.
Article bien sûr amendé sous la pression de la Grèce, quand bien même elle ne respecte pas ses propres engagements, puisqu’elle a été condamnée par la Cour Internationale de Justice pour avoir enfreint l'accord intérimaire du 13 septembre 1995 conclu avec la Macédoine.
Source : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=27068&Cr=Gr%E8ce
Minorités en Grèce
Quant au terme « Grkoman » il ne désigne pas TOUS les Slaves vivant en Grèce, mais est un terme péjoratif pour désigner une personne d’origine non grecque se « prétendant » grec.
Utilisé en outre en Albanie et Roumanie, j’en ai même trouvé une définition dans un dictionnaire serbe.
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Grecomans
Je ne connaissais pas ce terme, en revanche j’en connais un autre : егејци (égéens en français).
Nom donné aux réfugiés slaves de la guerre civile grecque, vivant auparavant en Macédoine grecque.
Pourquoi ont-ils fuit la Grèce ?
Car ils ont combattu aux côtés des communistes qui leur ont promis d’avoir pour la première fois dans l’histoire, le statut de minorité ayant le droit d’utiliser sa langue et de se déclarer macédonien.
Certains sont venus en République de Macédoine, d'autres sont partis en Vojvodine (Serbie) ou dans le reste du monde.
Cet exode est même reconnu par les universitaires grecs, puisque lors d’une conférence, une professeure macédonienne ainsi que son homologue grecque ont toutes les deux déploré le manque de récit sur cette partie trouble de l’histoire grecque.
Connaissez-vous la situation des minorités en Grèce ?
“Since the Second World War the Greek government has denied the existence of any non-Greek minority within its borders apart from the Muslim Greeks recognized by the Treaty of Lausanne in 1923. In its 2001 population census the state did not collect information on ethnicity. All those who use Greek in everyday language are considered Greek, even if Greek is not their mother tongue. This non-recognition of minorities is bolstered by a rigid notion of Greek national identity, closely identified with membership of the Greek Orthodox Church.(…) However, the recognition of the right to freedom of association and expression of persons belonging to the ethnic Macedonian community (who live in the administrative region of Macedonia), (…) has been a long-standing concern that remains unresolved. Regarding ethnic Macedonians, the 1998 European Court of Human Rights (ECtHR) judgment of Sidiropoulos and Others v. Greece found Greece in violation of Article 11 on its refusal to allow the registration of the organization ‘Home of the Macedonian Culture’. The Greek courts refused the application on the basis that the use of the term ‘Macedonian’ questioned the Greek identity of Macedonia and undermined territorial integrity. Implementation of the 1998 judgment is still pending, and the organization has not yet been registered.(…)These cases strike at the heart of the right to self-identification for members of minorities in Greece, where ethnic Macedonians are not granted minority status, (…) During his visit, the Commissioner recommended ratification of the FCNM, which Greece signed in 1999, and the implementation of the ECtHR judgments. He stressed that the Greek authorities need ‘to show greater receptiveness to diversity in their society and to take further measures that would allow minority groups to express their identity on the basis of self identification.”
Traduction :
« Depuis la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement grec nie l’existence de toute minorité non grecque à l’intérieur de ses frontières si ce n’est les musulmans grecs reconnus par le traité de Lausanne de 1923. Lors du recensement de 2001, aucune donnée concernant l’ethnicité n’a été collectée. Tous ceux qui utilisaient le grec comme langue courante étaient considérés comme étant grecs, même si le grec n’était pas leur langue maternelle. Cette non-reconnaissance des minorités est soutenue par une notion rigide de l’identité nationale grecque, étroitement identifiée par l’appartenance à l’Église orthodoxe grecque. (…) Cependant, la reconnaissance du droit à la liberté d’association et d’expression appartenant à la communauté ethnique macédonienne (qui vivent dans la région administrative de Macédoine) (…) est une préoccupation de longue date qui demeure irrésolue. En ce qui concerne les Macédoniens ethniques, le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme en 1998, concernant l’affaire Sidiropoulos et autres contre la Grèce, reconnaît la violation de l’article 11 par la Grèce, par son refus de permettre l’enregistrement de l’organisation « Maison de la culture macédonienne ». Les tribunaux grecs ont refusé son application pour l’utilisation du terme « macédonien » qui remet en question l’identité grecque et son intégrité territoriale.
L’application de l’arrêt de 1998 est toujours en suspens, et l’organisation n’a toujours pas été enregistrée. (…) Ces cas frappent au cœur le droit à l’autodétermination des minorités en Grèce, où les Macédoniens ethniques n’ont toujours pas le statut de minorité. Durant sa visite, le commissaire (du conseil de l’Europe) a recommandé la ratification de la convention-cadre signée par la Grèce en 1999, et l’exécution des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. Il a souligné que les autorités grecques doivent « montrer une plus grande réceptivité à la diversité dans leur société et prendre des mesures supplémentaires pour permettre aux groupes minoritaires d’exprimer leur identité sur la base de l’autodétermination »
Source : http://www.minorityrights.org/?lid=326
Saviez-vous qu’après l’intégration de la Macédoine égéenne à la Grèce, les populations slaves ont été hellénisées, voir même de force durant la période Métaxas :
"During the years between World Wars I and II, Greece followed a policy of assimilating the Macedonian minority and Hellenizing the Macedonian region in northern Greece. The government changed place names and personal names from Macedonian to Greek,ordered religious services to be performed in Greek, and altered religious icons. Under the Metaxas dictatorship in Greece (1936-1941), conditions of the Macedonian minority deteriorated markedly. More than 5,000 Macedonians from the Yugoslav border area were interned, the use of the Macedonian language was forbidden, and Macedonians were required to attend night school to learn Greek. Moreover, many of those who spoke Macedonian were fined or beaten.”
Traduction :
Durant l’entre-deux-guerre, la Grèce a suivi une politique d’assimilation de la minorité macédonienne et a hellénisé la région macédonienne en Grèce septentrionale. La Grèce a modifié les toponymes ainsi que les noms de personnes du macédonien en grec, a ordonné que les services religieux soient donnés en grec et a modifié les icônes religieuses. Sous la dictature de Métaxas (1936-1941), les conditions de la minorité macédonienne se sont nettement dégradées. Plus de 5 000 Macédoniens vivant à la frontière yougoslave ont été internés, l’utilisation de la langue macédonienne a été interdite, les Macédoniens étaient tenus d’assister au cours du soir pour apprendre le grec. De plus, beaucoup de ceux qui parlaient macédonien ont été condamnés à une amende ou battus.
Source :http://www.hrw.org/reports/pdfs/g/greece/greece945.pdf
Sans doute une explication de la volonté de protéger la minorité slave en Grèce…
Analyse du conflit par « Der Spiegel »
Et l’on comprend encore mieux la situation en lisant cet article : http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,614268,00.html
En effet, l’actuel président de la république de Macédoine est un égéen, c'est-à-dire un réfugié macédonien de la macédoine grecque ce qui veut dire que sa famille a subi les discriminations dans l’entre-deux-guerre, qu’il a vécu l’exode des Slaves de la Macédoine grecque. On peut ainsi comprendre son acharnement à propos de la reconnaissance de minorités slaves en Grèce.
"Does this mean that the prime minister in the Macedonian capital Skopje must stand idly by while Athens insists that people like his ancestors, including his father and grandfather, could not possibly have existed? Is there is no such thing as Slavs who grew up in the Greek part of the historic region of Macedonia and, despite having had to accept Greek surnames, remain faithful to their native language?"
Cela signifie-t-il que le premier ministre dans la capitale macédonienne de Skopje doit rester les bras croisés tandis qu’Athènes insiste sur le fait que des personnes comme ses ancêtres, son père et son grand-père y compris, n’aient jamais existé ? Le fait que des Slaves qui ont grandi dans la partie grecque de la région historique de Macédoine, en dépit d'avoir dû accepter des prénoms grecs, soient restés fidèles à leur langue maternelle, ne signifie-t-il rien ?
The answer is easy, says Gruevski, speaking at a government building in Skopje: "If the Greeks were to admit that Slavic Macedonians are living in their midst, it would be clear that we should be allowed to call ourselves Macedonians. That's why they won't admit it. But what if we, as a candidate for EU membership, treated minorities the way EU member Greece does?"
La réponse est simple, dit Gruevski, parlant dans un bâtiment du gouvernement à Skopje: “Si les Grecs admettaient que des Slaves macédoniens vivent chez eux, il serait clair que nous devrions être autorisés à nous nommer Macédoniens. C’est pour cela qu’ils ne l’admettent pas. Mais pourquoi nous, en tant que candidats à l’adhésion à l’Union Européenne, traitons les minorités à la manière des membres de l’UE, alors que la Grèce ne le fait pas ?
The Gruevski government's bid to join NATO, supported mainly by the United States, failed at the alliance's 2008 summit meeting in Bucharest when it was vetoed by Greece.
"Since then, it has been clear to us that we have nothing left to lose," says the Macedonian prime minister. "What is happening here is classic blackmail." For this reason, Gruevski and the members of his government and their staffs have recently placed his nationalist party, the VMRO-DPMNE, on a full-blown counteroffensive. Gruevski and his cohorts are doing their utmost to prove that world history was written on the territory of modern-day Macedonia -- even if it belonged to a different country at the time.
Le gouvernement Gruevski a tenté de rejoindre l’OTAN, soutenu principalement par les États-Unis, mais a raté l’adhésion à l’alliance en 2008 lors du sommet de Bucarest où la Grèce a posé son véto.
« Depuis, il est clair que nous n’avons plus rien à perdre, » déclare le premier ministre macédonien. « Ce qui s’est passé est un cas classique de chantage ». C’est pour cela que Gruevski, les membres de son gouvernement et son staff ont mis en place dans leur parti nationaliste, le VMRO-DPMNE, une véritable contre-offensive. Gruevski et ses cohortes font tout leur possible pour prouver que l’histoire mondiale a été écrite sur le territoire de la Macédoine d’aujourd’hui – même si elle appartenait à un autre pays en ce temps la.
Encore plus intéressant :
The current dispute over Macedonia, says Greek sociologist Michael Kelpanides, is a convenient tool for politicians in Athens to attract voters and divert attention away from the country's real problems. Twenty-eight years after joining the EU, Greece is still the union's biggest net recipient of cash, and its national debt as a percentage of GDP is second only to Italy's. The average wage in Greece corresponds to the average wage in Poland, and when it comes to corruption and illiteracy, the Greeks are near the bottom of the heap of EU countries.
Le différend actuel à propos de la Macédoine, dit Michael Kelpanides, sociologue grec, est un outil pratique pour les politiciens d’Athènes pour s’attirer les faveurs des électeurs et détourner leur attention des véritables problèmes du pays. Vingt-huit ans après avoir rejoint l’UE, la Grèce est toujours le pays qui reçoit le plus de subventions de l’union et le pourcentage de sa dette par rapport au PIB est le second de l’union juste derrière l’Italie. Le salaire moyen correspond au salaire moyen de la Pologne, quant au niveau de la corruption et de l’analphabétisation, la Grèce fait partie du bas de l’échelle des pays de l’UE.
Tiens un visionnaire ce sociologue… (article écrit en 2009)
"What's important," according to historian Stefan Troebst, describing the delayed sense of national cohesion among modern-day Macedonians, "is that they know who they don't want to be, namely neither Bulgarians nor Serbs, and certainly not Greeks or Albanians."
“Ce qui est important”, selon l’historien Stefan Troebst, décrivant le tardif sentiment de cohésion national chez les Macédoniens modernes, « c’est qu’ils savent ce qu’ils ne veulent pas être, à savoir, ni Bulgares, ni Serbes, et certainement pas Grecs ou Albanais. "